U-Boot U-Boat






BONUS



...........................................LIEN CINEMA....................................................
http://www.cavallinostars.com/forum/vie ... 207#p24207
LA VIE A BORD D'UN U-BOOT
A bord d'un U-Boot, la vie est particulière et difficile. Vivre dans un milieu confiné avec les mêmes personnes pendant de longues semaines n'est pas chose aisée. L'espace couchette dans un sous-marin est très limité: les sous-mariniers n'ont pas de couchette qui leur soit propre et tournent selon le principe de la "bannette chaude" qui veut qu'un lit soit occupé en permanence. L'homme qui le quitte pour prendre son quart cède sa place à celui qu'il remplace.
L'espace dans les U-Boote de Type II était particulièrement restreint, car ils contenaient deux torpilles supplémentaires dans le compartiment avant où les hommes dormaient. Six couchettes étaient à chaque fois repliées pour fournir l'espace nécessaire. Elles n'étaient pas disponibles tant que les deux premières torpilles n'avaient pas été tirées, et que les deux suivantes n'avaient pas été rechargés dans les tubes.
Toujours en raison du manque d'espace, les affaires personnelles se réduisaient le plus souvent aux vêtements portés par l'individu et à des chaussettes et des sous-vêtements de rechanges. Seul le commandant possède sa propre "cabine". Les officiers ont un carré pour prendre leur repas mais le reste de l'équipage n'a pas à sa dispostion de table. L'exiguïté extrême rend pénible les taches quotidiennes dont l'entretien périodique des torpilles que n'apprécient guère les marins.
La nourriture se dégrade rapidement et l'eau est même rationnée. L'humidité règne à bord et le sous-marin est rempli d'un air lourd et chargé. La lumière électrique est allumée en permanence et les sous-mariniers perdent rapidement toute notion de temps.
LA NOURRITURE
Au départ des missions, le salami, les saucisses, les fruits, les légumes et le pain frais remplissaient les réserves mais le manque de place étaient tel que la nourriture envahissait le U-Boot depuis les saucissons pendus aux vannes et tuyaux jusqu'à l'un de deux WC du bord condamné alors pour quelques jours.
Mais la nourriture se perdait rapidement dans cet environnement constamment humide. Les sous-mariniers surnommaient le pain « lapin » (ils n'avaient peur de rien ;o) ) pour son aspect extérieur de couleur blanche poilue dû aux moisissures; de même les aliments prenaient rapidement le goût du diesel.
Un exemple du stockage de la nourriture à bord de l'U-505.
Conserves et salaisons constituent l'essentiel de la nourritue, les aliments frais, eux, ne durant que quelques jours. Plus tard un complément nutritif fera sous apparition: le Bratlingspulver, aliment à base de soja.
Le cuisinier avait pour tâche la préparation des repas pour l'ensemble de l'équipage, soit une soixantaine de marins, et ce quelques soient les conditions météo, temps calme ou mer forte. Préparer les repas dans un espace aussi réduit relevait de l'exploit. Les cuisiniers, qui pour la plupart n'avaient recu aucune formation dans leur domaine, recevaient souvent de l'aide pour l'épluchage des pommes de terre, et, sur leur temps libre, donnaient un coup de main à leurs camarades notamment en assurant la veille dans le kiosque.
PRIS SUR LE VIF
Voici un bref passage évocateur tiré du meilleur témoignage jamais écrit à ce sujet.
Notre personnage vient d'embarquer pour sa première patrouille sur un U-Boot...
Ma première nuit à bord : je tâche de m'alourdir intérieurement, d'effacer toute pensée. Les ondes du sommeil m’atteignent par moments, m’entraînent vers les profondeurs, me lâchent en cours de route. Est-ce que je dors ? Est-ce que je suis réveillé ? La chaleur ambiante ! L’odeur du gasoil ! Une vibration persistante parcourt le bâtiment : le rythme des moteurs se propage jusque dans les moindres rivets.
L’excitation des dernières heures contribue à chasser le sommeil encore et encore.
Les Diesel travaillent toute la nuit. A chaque relève de quart, je sursaute. Chaque fois que la porte de la cloison étanche s’ouvre ou se referme en claquant, je suis rejeté loin de la frontière du sommeil.
Comme on est loin aussi du réveil à bord d’un bateau conventionnel : à la place du hublot donnant sur la mer écumeuse, une vilaine lumière artificielle.
Tête lourde, cerveau plombé par les émanations des moteurs. Depuis une demi-heure déjà, la radio vocifère une musique qui me torture les nerfs.
Au-dessous de moi, deux dos courbés mais pas de place où poser mon pied. Si je voulais quitter ma couchette maintenant, il me faudrait marcher dans les bouts de mie de pain nageant dans une flaque de café parmi les assiettes à moitié pleines. Toute la table est barbouillée et poisseuse. La vue d’un œuf brouillé jaune pâle me soulève le cœur.
Une forte odeur de graisse arrive du compartiment des Diesel.
« Et la porte, nom de Dieu ! »
Le maître radio Henrich lève un regard indigné au plafond. Il me découvre là-haut et ses yeux encore lourds de sommeil restent braqués sur moi comme si j’étais un spectre.
« Envoyez le café ! » lance le maître électricien Pilgrim.
Il ne fait pas de doute que j’aurais dû me lever plus tôt ! Je ne peux tout de même pas piétiner leur petit déjeuner ! Je me laisse donc retomber en arrière et j’écoute malgré moi ce qui se dit.
- Tu peux pas pousser un peu ton gros cul !
- Comme de la merde de bébé cette saloperie d’œuf brouillé ! Je ne peux plus sentir ces trucs en poudre !
- Et alors ? T’as l’intention d’élever des poules au central ?
J’imagine des poules –des leghorns blanches– perchées sur les distributeurs d’eau et je souris à cette pensée. Je me représente les plaques métalliques du plancher constellées de chiures vert blanchâtre et de plumes duveteuses et j’entends leur caquetage imbécile.
- Et dans les cales, on pourrait faire un élevage de canards ; une race de petite taille. On les gaverait avec des morves bien grasses !
- Pouah !
- Quoi, quoi, pouah ? Pense un peu au bonheur de ces canards ! Chaque matin, ces trucs bien gras ! Et au moins, la morve servirait à quelque chose, non ? Aliments frais pour ces braves volatiles.
Une brusque envie de vomir me monte à la gorge.
« T’es un beau salaud ! »
Pendant un moment, je n’entends que des bruits de mastication et des claquements de langue. Puis un rot grave qui monte en glissando et s’étrangle net comme pour livrer passage à du solide.
- Maintenant, y’en a marre !
- Quel fumier !
Les haut-parleurs gueulent : « Oui c’est elle, la plus belle de tout le pays – Ro-se-Ma-rie… »
On peut baisser le son mais non le couper entièrement car c’est par les haut-parleurs que les ordres sont transmis. Nous sommes donc à la merci de l’opérateur qui dessert le tourne-disque dans le secret du local radio. Je ne sais pas ce que Rose-Marie lui a fait, toujours est-il que le disque passe déjà pour la deuxième fois ce matin.
Ce qui m’horripile, c’est l’idée qu’il n’est que quatre heures du matin ; cinq tout au plus. Pour éviter les conversions fastidieuses dans les transmissions radio, on s’est mis à l’heure d’été allemande. Il est d’ailleurs probable que la différence entre l’heure de nos montres et l’heure solaire du lieu où nous nous trouvons se soit encore accrue. Peut importe en fait l’heure à laquelle nous commençons nos journées. De jour comme de nuit nous nous éclairons à la lampe et les quarts sont réglés indépendamment de l’alternance jour-nuit.
Il est temps que je me tire de mes couvertures. Je dis : « Pardon ! » et je glisse mon pied entre les deux hommes assis sur la couchette qui se trouve sous la mienne.
« Toutes les bonnes choses viennent d’en-haut ! » entends-je dire Pilgrim.
D'après Le Bateau (Das Boot) de Lothar-Günther Buchheim.
NAVIGATION EN SURFACE ET HYGIENE
L'eau douce était très rationnée, surtout lorsqu'on décidait de remplir avec du diesel une des soutes à eau pour augmenter le rayon d'action du sous-marin. La quantité d'eau étant insuffisante durant la mission, le nettoyage, le rasage, les bains et la lessive étaient remis à plus tard et c'est pour cela que les sous-mariniers rentraient tous barbus de leur patrouille. La Kriegsmarine fournissait un savon à l'eau salée qui n'était pas très apprécié, car il nettoyait peu et laissait une couche de crasse. Pour éliminer le sel sur la peau, les hommes utilisaient une eau de cologne spéciale.
La navigation en surface de jour se raréfie au cours de la guerre mais ces moments, lorsque le temps est au beau, étaient très appréciés. Les hommes pouvaient alors sécher un peu de linge, se baigner ou prendre des bains de soleil. Le commandant de l'U-203, Mutzelburg, se tuera ainsi en plongeant du kiosque de son bâtiment, le sous-marin étant bercé par les vagues, il s'écrasera sur l'un des ballasts...
Certains reprennent des couleurs et peuvent fumer une cigarette. D'autres jouent aux cartes. Par beau temps une chaise-percée est souvent installée dehors sur le garde corps pour les besoins de l'équipage. La douche est si rare qu'il faut en profiter au maximum. Le dispositif est rudimentaire mais efficace. Sur le kiosque les veilleurs restent toujours aux aguets. L'attente est souvent longue à bord d'un U-Boot et les activités ne sont guère variées. Les marins occupent leurs moments de détente comme ils peuvent: le sport sur le pont n'est possible que par beau temps et cette activité se raréfie au fil de la guerre en raison du manque de sécurité croissant pour les U-Boot naviguant en surface.
L'utilisation des toilettes était assez compliquée. En général, un sous-marin disposait de deux cabinets de toilette. Mais on utilisait souvent l'un d'entre eux comme réserve. Après chaque utilisation, le contenu des toilettes était transvasé dans un réservoir à l'aide d'une pompe mécanique, pour ensuite être rejeté dans l'océan. L'utilisation des toilettes était interdite quand le sous-marin traquait un ennemi, par crainte que le bruit ou les débris flottants (!) ne signalent sa présence. Au moins un sous-marin, le U-1206, fut forcé de remonter à la surface suite à un incident vraiment particulier: les toilettes étaient bouchées, à force de vouloir pomper le système d'évacuation eu une fuite et de l'eau de mer pénétra dans le compartiment des batteries provoquant un dégagement de chlore. Quand le U-Boot fit surface pour évacuer ces vapeurs, il fut attaqué par un avion, et l'équipage dut abandonner le bâtiment...
LES PATROUILLES
Les surveillances du pont pendant les orages étaient éprouvantes. Les hommes se cassaient régulièrement un membre quand les vagues violentes s'abattaient sur le kiosque. Les veileurs étaient alors submergés par l'eau glacé et projetés contre les appareils du pont. Des lignes de sécurité en cuir et en acier étaient obligatoires pour éviter qu'ils ne soient jetés par dessus bord. Ils étaient habillés de vêtements imperméables mais qui n'empêchaient pas l'eau de pénétrer par les manches et par le bas du pantalon : ils finissaient souvent trempés, et avaient rarement l'occasion de sécher leur vêtements.
L'apparition du Schnorchel apporte un plus pour la sécurité mais il posera quelques problèmes par mauvais temps. Avec les vagues, le clapet d'obturation se ferme régulièrement coupant ainsi l'arrivée d'air frais à l'intérieur du U-Boot rendant alors l'air pratiquement irrespirable puisque pendant ce laps de temps les diesels consomment presque tout l'oxygène contenu dans le sous-marin. Ceci provoque des douleurs aux yeux et oreilles laissant parfois de graves lésions.
En cas de repérage le U-Boot effectue une plongée rapide et de chaque seconde gagnée ou perdue peut dépendre la survie du bâtiment. Aussi les hommes de pont se laissaient "tomber" à l'intérieur du kiosque ce qui provoquera de nombreuses blessures
Les attaques sont menées de préférence la nuit car les U-Boote naviguent plus rapidement en surface qu'en plongée et sont beaucoup moins repérables dans l'obscurité. Jusqu'à l'apparition du Schnorchel, le rechargement des batteries, nécessitant une navigation en surface, s'effectuera de nuit, le péril s'intensifiant au fil des ans.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, la petite taille des sous-marins allemands facilite le tangage et le roulis de ceux-ci et le mal de mer est plus fréquent que sur les navires de surfaces.
De même le froid est un ennemi redoutable et sur les mers où naviguent les convois en direction de l'URSS la mort par le gel ou la noyade accidentelle est bien plus redoutée que les escortes adverses.
Les veilleurs doivent scruter l'horizon sans pouvoir relâcher leur attention. Il n'y a pas de place pour l'erreur et si le U-Boot est touché ses chances de s'en tirer sont infimes surtout en plongée. Les sous-mariniers sont les seuls à connaître cette sensation paticulière du silence à bord avec le son de l'Asdic qui devient rapidement insupportable pour les nerfs et avec la certitude qu'une seule grenade peut transformer le bâtiment en cercueil d'acier.