"Cinéma : autopsie d'un meurtre" Pascal Mérigeau

Modérateurs: Xaneaze, Antoine

"Cinéma : autopsie d'un meurtre" Pascal Mérigeau
Xaneaze Hors ligne


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Messagede Xaneaze » Mar 29 Jan 2013 00:33

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Bon, j ai terminé cet essai qui fait le point sur le cinéma actuel. Le bilan est vraiment consternant, même si cela ne reste qu'un essai qui ne présente que les pensées d'une personne, son analyse est vraiment stupéfiante. Il décortique tous les mécanismes du cinéma actuel avec les parties économiques et artistiques. Il est consternant de voir la mécanique qui est appliquée à "l'illusion d'industrie du cinéma". Pour l'auteur, le cinéma n'est plus une industrie mais un commerce, où les petites mains du film ont laissé la place à la palette graphique et autres retouches... Constat en France : 220 films sortent chaque année, 10% des ces films seulement font 90% des entrées, laissant des miettes aux autres et fermant la porte à des nouveaux réalisateurs à moyen/long terme, le cinéma français est en danger car l'aspect rentabilité du film empêche le jeune réalisateur de faire un 2eme film car il a été obligé de se contenter des quelques miettes laissés par les rouleaux compresseurs Astérix et autres franchouillardises qui accusent un budget de promo supérieur au coût de production (à quelques exceptions près). Le cinéma en voulant s'inviter chez nous s'est fait manger par la télévision : "En s'invitant chez le client, le cinéma s'est dénaturé : la télévision n'est pas devenue cinéma, home cinéma, le cinéma est devenue télévision". L'auteur continue son panorama du cinéma en étudiant le comportement des français face au box-office. Les usagers des cinémas entrent dans des sortes de clans, il faut faire partie du clan des gens qui ont vu le dernier film à la mode qui a fait beaucoup de chiffres), le sentiment est qu'il faut en avoir fait partie : "Et un film qui ne gagne pas est un film perdant, donc un film pour les perdants. Qui souhaiterait appartenir au clan des perdants ?". A la question "le film est nul ?". Soit, il faut faire partie du clan de "ceux qui ont été voir le film et ne l'ont pas aimé". A chaque problème sa solution. Les suites de film même de mauvaise qualité font toujours autant d'audience que le film original.
Les grandes compagnies et les télévisions travaillent à débiliser la perception qu'ont les gens de leurs centres d'intérêt, on vous fait croire que ceux en quoi on ne pense pas et tout simplement vide d'intérêt : "Le spectateur se trouve sans cesse conforté dans la certitude que tout ce qui n'est pas amusant est ennuyeux et que rien de ce qu'il ignore ou méconnait ne saurait présenter d'intérêt". L'essayiste s'active ensuite à comprendre les mécanismes qui ont emmené le cinéma a quitté la section art/industrie pour devenir un "fond de commerce". Le problème selon l'auteur viendrait de la motivation des producteurs qui ont évolué négativement, il se base sur plusieurs générations de producteurs : "Les producteurs d'avant hier produisaient ce qu'ils aimaient, ceux d'hier produisaient contre leurs propres goûts, ceux d'aujourd'hui ont décidé d'aimer ce qu'ils produisent. Là encore, l'enjeu s'est déplacé de la fabrication du produit à sa vente...". Le producteur tient donc un rôle prépondérant dans la l'élaboration du film, où est la place du réalisateur parfois ??? : "La personnalité du promoteur importe désormais davantage que la nature du projet".
Les industries du cinéma ont complètement annihilées l'idée d'art. Aujourd'hui, n'importe quelle chef d'œuvre reconnu par la critique ne vaut plus rien. "Ne vaut plus rien" possède un impact très fort sur les gens, en effet la valeur d'un objet étant souvent lié à sa qualité de nos jours, on s'étonne de voir notre culture bradée, au détriment de l'image positive dont le film rayonne, son prix dérisoire semble dans l'inconscient collectif le ranger dans la catégorie navet (en exagérant) chez le spectateur lambda : "1€ le ique du cinéma, c'est pas cher, c'est même tellement pas cher que c'est rien du tout".
Pascal Mérigeau étudie aussi l'impact des films sur les générations, il estime que les majors du film ont rendu les genres trop homogènes et le spectateur ne s'y retrouve plus, il n'est guère rare aujourd'hui de croiser un père et son film ayant la même passion pour un film. L'intérêt des grands films d'auteur semblent avoir disparu : "Hier, les enfants rêvaient de voir les mêmes films que les grands, aujourd'hui les adultes se flattent d'aimer les mêmes films que leurs enfants". Les parents semblent faillir à leur rôle d'éduquer leurs enfants au cinéma, de les éveiller à la conscience cinématographique.
Les goûts des spectateurs sont formatés afin que ceux-ci ne soient jamais bousculés, ils doivent rester dans ce qu'ils maîtrisent à défaut de le voir partir vers une quelconque stupidité qui nécessite seulement 2 neurones : " Il faut éviter de les dérouter, de les dépayser et donc de leur proposer des produits qu'ils connaissent déjà", c'est le cas notamment des séries qui sont adaptées au cinéma ou encore des BD utilisant des héros extrêmement connus.
Le livre se termine sur une "critique" sévère du "critique" car pour lui, celui-ci sous la pression à céder aux sirènes du consumérisme cinématographique, il a raté son rôle, occulté sa place de contre-pouvoir de l'ordre établi. La peur aussi de se voir être mis sous la touche par différenciation trop forte avec le goût du public (qui est le bon dieu) : "Pour un critique, discuter un spectacle que les gens ont aimé signifie s'en prendre, non au spectacle ni à son auteur mais aux spectateurs eux-mêmes." Aujourd'hui, le vrai critique prenant des risques s'oppose à une dictature de l'opinion, et cela, personne ne tente de le combattre.
L'auteur termine son dernier chapitre avec une expression pleine de sens et de cynisme, qui achève son essai sous forme d'un avertissement :
"A FORCE DE NE PAS DIRE QUE LES FILMS SONT MAUVAIS, ON FINIT PAR LES TROUVER BONS !"

PS: vous l'aurez compris, je ne peux que vous conseiller de lire cet essai même si personnellement, certaines de ses idées sont attaquables....A bon entendeur ^^
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Antoine Hors ligne


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Messagede Antoine » Mar 29 Jan 2013 07:15

Et bien je vais le lire. Pour la part j'ai une préférence pour le cinéma italien jusqu'aux années 70. Et d'une façon générale j'évite la nouveauté. Le fond cinématographique est grand.

Encore que l'avantage de ce forum, c'est le partage d'expériences sans qu'il soit nécessaire de vivre les mêmes.
Ce que je veux dire c'est que l'on peut connaître sans céder à la consommation tout azimut surtout par les temps qui courent...
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Dark Hors ligne


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Messagede Dark » Mar 29 Jan 2013 09:14

À lire donc , encore un sujet d'interet que soulève ,décidément en grande forme notre ami Elvis

Comme pour d'autre domaine ,les outils numériques, la communication la difusion par la toile

Les Lobbies de l'industrie cinématographique , ont sévèrement changer la donne

Oui mon cinéma est mort, cela ne veut pas dire que la forme de communication audiovisuelle Actuelle

Ne véhicule pas de bonnes idées ou émotions , le monde est en mutation , bientôt nous muterons aussi :lol:

Entre parenthèse j'ai entendu à la radio un débat sur les budgets énormes aloues à Astérix Édifiant et consternant

Même budget qu'un Tim Burton sauf que ça se vend pas,mais on distribue le pognon des contribuables à la clique (canal plus )lol:


Chris06 Hors ligne


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Messagede Chris06 » Mar 29 Jan 2013 09:43

Il y a qlq perles qui sortent, je pense Camet, ect.. Le cinéma européen en général à toujours eu des difficultés pur ce vendre, les thèmes abordes font souvent appel à des aspect subtil de l'humain.
Le cinéma français se défend d'être commercial en premier chef, mais il sait qu'inévitablement pour vivre, il faut s'inscrire dans un tissus économique...sinon...
La marge de manœuvre du cinéma d'auteur est étroite, mais cela est valable au état unis ou le cinéma d'auteur à autant de difficulté pour émerger face au super production de la côté Ouest.
Le cinéma, c'est du plaisir, dans lesquel, certain auteur tente d'y mettre de l'éveil (des consciences)
Majoritairement. L'humain est feneant du cerveau est prefere jouir que ce remettre en question.
Probablement que le cinéma d'auteur sous quelque forme qu'il est amené à prendre se trouvera toujours en marge des superproduction souvent débile!
Je le dis haut et fort, sans parsno, la porte de sortie est vers le haut, a droite c'est une impasse, a gauche aussi, en dessous nous y sommes déjà et ça ne fonctionne pas donc, pour ce qui peuvent,autour d'eux, tire vers le haut..
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Antoine Hors ligne


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Messagede Antoine » Mar 29 Jan 2013 10:54

Tirer vers le haut...c'est très Nietzschéen comme valeur.

Donc j'adhère. Nietzsche lu par Michael Lonsdale (Des Dieux et des Hommes) cela peut paraître curieux. Les deux hommes étant philosophiquement opposés mais très proches quand il s'agit de "tirer vers le haut"...
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