coincoin a écrit:
comme si ferrari SA avait besoin de çà pour vivre...
Pardon,mais c'est souvent que je lis ce genre de remarque naïve autant que les remarques sur un débat diecast vs résine...
Voici un résumé (long tout de même) de ce qu'il faut comprendre pour éviter de continuer à nourrir des frustrations car les modèles de Ferrari coûteront chers et de plus en plus, il y aura de moins en moins de diecast (niveau "collectionneur") et de plus en plus de résine !
La seule discussion (pour moi) est : mettront ils enfin l'objectif de "bien" reproduire une Ferrari en modèle réduit à l'ordre du jour ?
Voici mon point de vue déjà grandement explicité dans le passé :
Au commencement (je me limiterai aux modèles réduits Ferrari) Enzo Ferrari (EF) dont le seul objectif était d'avoir assez d'argent pour faire courir ses voitures en compétition offrit à quelques connaissances sinon amis (MDS, MG, BBR, etc. ) le droit gratuit de reproduire ses modèles.
J’ai même en photo une réplique en buis qu’il aurait lui même retouché pour affiner les lignes du premier modèle de MG Models : la 125 S déjà en résine...
Malheureusement la maison Ferrari vendait des voitures civiles pas toujours fiables et pas toujours bien finies pour faire bouillir une marmite de compétition omniprésente et de plus en plus gourmande…
Vous connaissez tous l’anecdote qui rapporte que EF répondait à ses clients mécontents de leurs voitures, qu’aux prix auxquels ils les avaient achetées lui ne leurs fournissait que le moteur et que le reste autour était offert…
Voilà donc Ferrari en difficulté et devant renoncer à toutes les compétitions une à une (Le Mans, Rallye…) pour pouvoir conserver l’unique et sublime F1.
Après bien des assauts repoussés le voilà contraint de vendre 50% des parts de la SEFAC à Gianni Agnelli patron du groupe Fiat,
en juin 1969.L’accord prévoit aussi qu’à sa mort 40% supplémentaire iront à Fiat tandis que les 10% restants iront à ce fils qu’il faut bien reconnaître puisque l’autre, légitime, est mort.
Mais EF garde la main sur la F1 qui devient son ultime royaume. Il garde aussi sa parole et nos fabricants MG, MDS, Bburago, Robustelli, Merikits, PCM Créations etc. continuent de nous proposer des modèles réduits, des kits et des transkits à des prix raisonnables et similaires à ceux de nos cousins collectionneurs de Porsche, Maserati, Mercedes, Lamborghini et j’en passe.
A cet époque lorsque je me rends « Au sanctuaire de la Miniature » à Montpellier le prix est fondé sur le travail nécessaire à la production et pas sur la marque automobile reproduite.
- Ainsi un Ferrari Bburago au 1/18 coûte quelques dizaines de francs et c’est le même prix pour une Mercedes ou une Lamborghini.
- Une Jaguar XJ220 au 1/12 chez Maisto vaut plus de 100 Fr.
- Une Porsche Bosica montée au 1/43 peut coûter 350 Fr.
- Une Ferrari 643 au 1/8 de Rosso 3300 Fr.
- Une Pocher au 1/8 : 900Fr.
Tout cela de mémoire…
Et comme disait le gars qui s’était jeté du 87éme étage et que l’on pouvait entendre au passage de chaque étage : « jusqu’à là ça va ! »
En prenant 50% du capital Agnelli place aux cotés d’EF un homme de confiance Luca di Montezemolo (LdM).
Le
14 août 1988 Enzo Ferrari décède à 90 ans.
Et après une année à deux années folles où les bons de commande des Ferrari se revendent trois fois le prix malgré des délais de livraisons au moins à 6 à 9 mois.
Où le président français de la Fédération Internationale de Sport Automobile Jean-Marie Ballestre est assez minable pour revendre au plus offrant la F40 qui lui avait offerte EF.
Et où mes velléités d’achat du graal sont tués dans l’œuf et par le discours d’un « vendeur de bagnole » à Levallois-Perret plus enclin à me vendre un leasing sur trois ans qu’à me parler du mythe, et par l’allure des commodos Fiat sur la Testarossa et par les bruit des vibrations de tout ce qui est en plastique dans l’habitacle quand on va chercher quelques tours avant de changer de vitesse…
Putain, Pat quand tu commences c’est long…
Oui je sais ! (contre mesure Thierry…)
Mais voilà cinq ans après la mort de Monsieur Ferrari en 2003 l’entreprise est à l’agonie. Elle ne vend plus que 2 289 voitures par an contre 4 595 encore deux ans avant.
Fiat cède en
2002 34% du capital au groupe financier Mediobanca pour 775 millions d’euros.
L’entreprise est donnée pour morte et c’est là que les hommes en costume vont entrer en jeu car il s’agit de redresser la barre.
2004 Agnelli nomme à la tête de Ferrari LdM.
Cet homme de grande classe décède cette même année.
Nos hommes en costume (rassurez-vous j’en porte aussi assez souvent) s’interrogent sur la voie à prendre pour sauver le soldat Ferrari. Qu’avons nous ? Un outil de travail peu productif voir obsolète, des voitures à la réputation fragile mais une réputation en course exceptionnelle assortie d’un palmarès remarquable. Des décisions fondamentales sont prises concernant l’usine, la fiabilité des voitures, la restauration des anciennes, etc. mais surtout la vision est que Ferrari ne doit pas être un fabricant de voiture, pas même une marque automobile mais une marque sinon « La marque ».
Et Ferrari deviendra la première marque mondiale.
Place perdue, il y a quelques semaines au profit de Lego !
Je vous épargne le redressement des ventes 5 399 en
2005, 5 743 en
2006 et l’augmentation du chiffre d’affaires de 17% le rachat de 29% des parts de Mediobianca pour 800 millions d’euros…
Fiat se retrouve avec 85% des parts (50% achetées du vivant d’EF + 40% reversées à sa mort - 34% vendues à Mediobianca en 2004 + 29% rachetées en 2006), 5% sont chez Mubada à Dubaï et 10% chez Piero Lardi Ferrari dont on peut estimer sur la base de la vente 2006 qu’elles représentent plus de 280 millions d’euros...
D’immenses travaux ont été mené et l’usine restructurée avec une dimension humaine et « développement durable» importants.
7318 voitures produites en 2012.
2013 : chiffre d’affaires en hausse de 8% avec 2,3 milliards d’euros et un bénéfice avant impôts de 363,5 millions d’euros. (+8,3%).
A titre d’info Porsche produit en 2012 100 000 voitures pour un bénéfice de 1,88 milliard d’euros…
Alors nos soucis ?
Ils viennent des hommes en costume, de LdM et aussi de Michael Schumacher : premier pilote à avoir réclamé sa part sur les produits dérivés…
Chez Ferrari on développe le merchandising au point que l’on s’approche d’une parité de bénéfices voitures/merchandising !Et si LdM a annoncé vouloir bloquer la production de Ferrari à 7 000 modèles par an il était aussi clair pour lui qu’il n’est pas question de lever le pied sur les casquettes au Cavallino…
Quand vous achetez une Ferrari, un modèle réduit Ferrari, un parfum Ferrari, une casquette, un stylo, un tee-shirt, un jouet, une peluche, un magazine, un livre, … vous achetez Ferrari.
Et les hommes en costumes ont décidé que Ferrari cela valait cher.
Là où chez Porsche, Mercedes on vous accueille à bras ouvert avec de la place pour vous garer et un petit souvenir à la sortie du musée de la valeur du prix d’entrée et de la passion partout à Maranello, tout est argent et murs surélevés.
Regarder le parking d’une usine auto en Allemagne où l’on fait des facilités aux ouvriers pour acheter « corporate » et regardez chez Ferrari où l’année dernière on en est venu à poser des affichettes pour recommander aux ouvriers d’acheter dans le groupe Fiat…
Chez les uns on trouve des supporters bienvenus chez les autres ce sont des clients.
Alors produire des modèles réduits Ferrari doit rapporter de l’argent à Ferrari et LdM a changé la donne même avec ceux à qui EF avait donné son accord « verbal »…
Là dessus un italien « intelligent » sentant le vent venir a proposé en 2010 de faire des résines au 1/18 et il tente la vente à 250€. C’est Eugidio Reali de MR.
Ce modèle, au dire d’un de ses revendeurs, lui coûte moins de 50$ (de l’époque) et il est fabriqué en Chine encore docile et en moins de 5 heures de travail.
De sorte que pour un projet résine les investissements sont d’un ordre de grandeur de quelques milliers de dollars pour une réactivité de sortie des modèles de l’ordre de quelques mois et avec un seuil de rentabilité de quelques dizaines de pièces.
Quand ils sont pour un « diecast » de l’ordre de plusieurs centaines de milliers de dollars pour une production réclamant d’une à trois années et avec un seuil de rentabilité à plus de 2000 pièces.La valeur d’un produit tel qu’un modèle réduit n’est pas fondé à être estimé comme un produit de consommation courante.
Le litre de lait que nous achetons a un prix qui repose grosso modo sur un coût de production (local ou international et c’est là que ça coince), un coût de transport, … et une marge de revendeur qui reste malgré la grande distribution supportable pour la plupart d’entre nous.
Le modèle réduit appartient à un autre marché…
En réalité, chacun d’entre nous gère deux budgets complémentaires celui des « nécessités » (nourritures, loyers, crédits, vêtements, assurances, santé, etc.) et celui des « arbitrages » (vacances, loisirs, plaisirs, etc.).
La terre entière a compris que le bon marché c’est le second et la publicité s’est chargée de générer et d’entretenir toutes les envies.
Quand vous étiez enfant et que vous alliez faire les courses sur votre liste était écrit : « sel » et il n’y avait souvent qu’une seul type de paquet de sel chez l’épicier. Aujourd’hui même les marchands de sel ont compris qu’il ne devait pas rester dans le budget des « nécessités » et du coup vous avez cinquante sortes de sel à la vente : fin, gros, de la fleur de sel, de Guérande, en paquet, en coffret, en boite plastique, fluoré, iodé, de pleine mer, etc. et nous voilà dans le monde de l’arbitrage.
Alors quel est le prix dans ce monde qui ne cesse de grandir au point que même le superflu nous semble indispensable et à toutes sortes de prix ?
La réponse pourrait bien être : le plus cher possible pour écouler 80/90% de la production.
Voilà donc notre italien produisant 300 voir 399 pièces vendues à 250€ et elles partent comme des petits pains !
Donc pas assez chères d’autant qu’il vaut mieux augmenter les marges et réduire la production : si je peux gagner 100/pièce pour une production de 300 cela reste moins intéressant que 150/pièce pour une production de 200 ou encore 200/pièce pour 150…
Moins de clients pour un bénéfice identique voilà l’objectif. C'est du reste celui de Ferrari.
On notera que pour des qualités très proches des marques comme Otto ou GTSpirit sont à moins de 100 euros avec des quantités supérieures. Mais elles se déclarent incapables d’ajouter les droits Ferrari qui ne sont pourtant pas les plus élevés…
A moins que ce ne soit l’inverse et Ferrari qui ne veut pas de modèles à bas prix ?Alors et pardonnez-moi je ne comprends pas vos pleurs et vos cris à la vue d’un produit qui augmentent jour après jour et qui serait, de plus, moins bien car non ouvrant et en résine.
Le diecast est mort à Nuremberg cela fait déjà 3 ans ! Ceux qui continuent malgré tout à en produire vous annonce de la façon la plus claire qu’il coûtera plus cher : AutoArt en a même fait une page entière sur son site, sorte de mot d’excuse ou de profession de fois pour l’avenir avec des tas d’explications que je vous avais même traduit à l’époque, quant à Exoto le message ne peut être plus limpide.
La résine est aujourd’hui la règle. Elle est simple à mettre en œuvre, peu coûteuse, son process est rapide, son seuil de rentabilité bas et donc son potentiel de bénéfice élevé : MR, BBR, Fujimi, Tecnomodel, MG, AtelierCar, V12 et même Kyosho est en train de s'y mettre...