AU COEUR DE L'OCEAN

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Dark Hors ligne


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Messagede Dark » Mer 9 Déc 2015 21:58

je sors de la salle en VO ...SUPERBE ....FILM A VOIR


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In the Heart of the Sea

Ron Howard plonge au cœur et dans les origines du mythe Moby Dick.


LA CRITIQUE

Résumé : Hiver 1820. Le baleinier Essex quitte la Nouvelle-Angleterre et met le cap sur le Pacifique. Il est alors attaqué par une baleine gigantesque qui provoque le naufrage de l’embarcation. À bord, le capitaine George Pollard, inexpérimenté, et son second plus aguerri, Owen Chase, tentent de maîtriser la situation. Mais face aux éléments déchaînés et à la faim, les hommes se laissent gagner par la panique et le désespoir…au-coeur-de-l-oceanL’INTRO :

Quelle semble loin aujourd’hui cette époque où Ron Howard était ce sympathique rouquin de la série Happy Days. Le « Richie » des années 70 qui trouvait que Fonzy était si cool, s’est depuis transformé en bon cinéaste à la filmographie aussi conséquente qu’éclectique. Au travers d’une œuvre de plus d’une vingtaine de longs-métrages, Ron Howard s’est bâti une solide réputation d’honnête faiseur, capable même d’excellence dans ses meilleurs exercices. Surtout, il a su s’imposer comme un beau conteur d’histoire, rappelant lointainement (sur certains aspects), un certain Steven Spielberg, dans le sillage duquel il s’inscrit par intermittence, sans en avoir l’immensité du talent mais essayant sans cesse, avec cœur, conviction et parfois réussite. De Splash à Un Homme d’exception, de Willow à Apollo 13 en passant par Backdraft ou Cocoon, Ron Howard est un cinéaste que l’on se plaît à suivre, entre ses gros succès tel que Da Vinci Code ou ses efforts plus mineurs mais hautement passionnants comme Frost/Nixon. Aujourd’hui, Ron Howard plonge au cœur du mythe Moby Dick, racontant non pas le livre culte d’Herman Melville, mais une histoire autour de lui.

« Mon livre sera une fiction seulement inspirée des faits réels. Je n’aurai pas besoin de raconter toutes les parties de l’histoire. » Voilà en somme ce que déclare Herman Melville (Ben Whishaw) à son interlocuteur (Brendan Glesson), qui vient de lui narrer la véritable histoire cachée du naufrage du baleinier L’Essex, au terme de Au Cœur de L’Océan, de sorte à ce qu’il puisse écrire son Moby Dick. Par cette petite phrase anodine, Ron Howard résume toute l’essence de son nouveau long-métrage, et quelque-part même, du cinéma en général. Au Cœur de L’Océan ne sera pas l’illustration ultra-fidèle d’un récit religieusement authentique, mais un grand divertissement inspiré de certains éléments de vérité. Ces éléments, ce sont l’histoire derrière le célèbre roman de l’auteur ou encore la véritable tragédie du naufrage du baleinier en question, coulé par un grand cachalot au large des côtes sud-américaines en 1820. Ron Howard réinterprète Moby Dick, remonte aux sources, manipule un peu la réalité, et signe avant tout, un film d’aventure en mer pas loin de l’épopée mettant aux prises un groupe de marins rompus et la nature dans tout son gigantisme à la fois fascinant et terrifiant.

Une fois n’est pas coutume, Ron Howard montre son amour des beaux récits sur fond de courage, trouvant leur plus parfaite incarnation sur grand écran. Au Cœur de L’Océan nous emporte, comme ses marins, sur son majestueux galion de bois armé pour la pêche au gros, avec cet objectif généreux, de nous faire vibrer devant le spectacle d’un affrontement titanesque entre de « petits hommes » face à l’échelle de l’immensité des mers et une créature incroyablement géante et destructrice. Une bataille déséquilibrée au cœur d’un environnement hostile, que Ron Howard va s’appliquer à rendre avec son sens aiguisé du suspense et de l’intensité, alors que le film se charge d’éléments dramatiques nouant davantage les enjeux en présence, avec les luttes intestines à bord du navire, les doutes, les peurs, l’isolement. Quelque part entre Orca, Les Dents de la Mer, Les Révoltés du Bounty, Master & Commander et L’Odyssée de Pi, Au Cœur de L’Océan prend ses distances d’avec Moby Dick, sans doute car Howard ne voyait pas l’intérêt de repasser derrière le chef-d’œuvre de John Huston avec Gregory Peck, daté de 1956. On attendait une lutte en mer acharnée déversant un lot d’action notable, on se retrouve à l’arrivée avec un thriller d’aventure, un drame catastrophe, un survival, le tout doublé d’un remarquable portrait décrivant avec précision les techniques d’époque de pêche au gros en haute-mer. A ce titre, la précision du détail et du langage marin est telle, que l’on aurait presque l’impression de voir entre les lignes, du Jules Verne mis en image.


Un régal !



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Xaneaze Hors ligne


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Messagede Xaneaze » Mer 9 Déc 2015 23:10

J'ai cru que tu allais nous évoquer cet article ;)
http://passeurdesciences.blog.lemonde.f ... terrestre/
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Dark Hors ligne


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Messagede Dark » Mer 9 Déc 2015 23:36

Xaneaze a écrit:
J'ai cru que tu allais nous évoquer cet article ;)
http://passeurdesciences.blog.lemonde.f ... terrestre/



Non je ne connais pas ......

Mais je dormirais moins con ce soir ....si si c'est possible ;)

Très intéressant

Pour en revenir au film ....va le voir


Xaneaze Hors ligne


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Messagede Xaneaze » Mer 9 Déc 2015 23:50

Je bave devant tous les films que tu proposes à chaque fois...
Le seul souci, ce sont les gosses qui sont trop petits et personne pour les garder :(

Du coup, je note vos réfs et à l'occaz, je rattraperai mon retard
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Chris06 Hors ligne


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Messagede Chris06 » Jeu 10 Déc 2015 07:43

Dark a écrit:
Xaneaze a écrit:
J'ai cru que tu allais nous évoquer cet article ;)
http://passeurdesciences.blog.lemonde.f ... terrestre/



Non je ne connais pas ......

Mais je dormirais moins con ce soir ....si si c'est possible ;)

Très intéressant

Pour en revenir au film ....va le voir


Tu t'es encore mouillé sur ce coup là.
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Dark Hors ligne


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Messagede Dark » Jeu 10 Déc 2015 08:22

le plus étonnant c'est que c'est tirer dune histoire vraie

un Cachalot géant a bien coulé 2 baleinières ...obligent les survivants a se dévorer eux même pour survire

une fois de plus je vous conseille ce film ...un histoire poignante d'homme


Merci Elvis ;)

très drôle Chris ;)


Pat Hors ligne


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Messagede Pat » Jeu 10 Déc 2015 09:31

Ce film est sur ma liste "à voir" depuis que j'en ai entendu parlé.

Ron Howard qui me laisse le souvenir adolescent des "Happy days" fait décidément de bons choix de films : Rush, Code Da Vinci, Apollo 13, Un homme d'exception...

Merci de ta recommandation je m'y précipite dès que je peux et si je peux peu, il finira sur mon grand écran 3D.


Antoine Hors ligne


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Messagede Antoine » Jeu 10 Déc 2015 19:54

Je réserve aussi !
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Messagede Dark » Jeu 10 Déc 2015 20:05

Pat a écrit:
Ce film est sur ma liste "à voir" depuis que j'en ai entendu parlé.

Ron Howard qui me laisse le souvenir adolescent des "Happy days" fait décidément de bons choix de films : Rush, Code Da Vinci, Apollo 13, Un homme d'exception...

Merci de ta recommandation je m'y précipite dès que je peux et si je peux peu, il finira sur mon grand écran 3D.


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Dark Hors ligne


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Messagede Dark » Jeu 10 Déc 2015 20:08

Antoine a écrit:
Je réserve aussi !



;)


Xaneaze Hors ligne


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Messagede Xaneaze » Jeu 10 Déc 2015 23:48

J'ai relu Moby Dick cette année, tjs aussi top, il est gratuit pour tous ceux qui ont une liseuse ou une tablette au passage
"Un palmarès se construit sur la passion des autres, on dépend de l'anonymat et de la passion partagée d'une écurie...." Jacky Ickx


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Messagede Dark » Ven 11 Déc 2015 07:27

Xaneaze a écrit:
J'ai relu Moby Dick cette année, tjs aussi top, il est gratuit pour tous ceux qui ont une liseuse ou une tablette au passage



Dans Moby Dick, Herman Melville raconte la lutte à mort entre le capitaine Achab et la baleine blanche éponyme.

Quels sont les motifs profonds qui poussent le vieux marin à traquer avec tant d’acharnement ce terrible Léviathan ? S’agit-il d’une simple vengeance ou est-il plutôt question d’accéder à un statut ontologique supérieur en mettant à bas le monstre ?


Et si le combat entre le ciel et la terre se jouait dans un troisième monde ? Et si la mer était le tiers oublié de la grande bataille métaphysique entre l’immanence et la transcendance ? C’est en effet dans la fluidité de l’univers marin que Melville décide de mettre en scène le conflit entre les deux sphères solides : la première temporelle, la seconde spirituelle. La mer ainsi entendue devient le point de passage privilégié de la pierre à l’éther. Ce niveau intermédiaire possède ses règles, ses valeurs et ses dieux. Le panthéon aquatique est composé de nombreuses espèces de Léviathan : le Cachalot, la Vraie-Baleine, la Baleine-Bossue, la Baleine-Trompette, le Narval, l’Épaulard… Mais au sommet trône Moby Dick, la baleine blanche, celle qui a estropié le capitaine du Péquod, le vieil Achab. Elle représente le défi ultime pour les baleiniers et les harponneurs.

De la même manière que le roi maudit d’Israël adorait Baal, Achab adore ce faux Dieu qu’est Moby Dick. L’homme à la barbe grise a d’ailleurs conscience de l’ambiguïté d’une telle vénération. « Toute lumière que tu sois, tu sors des ténèbres ; moi je suis les ténèbres qui entrent dans la lumière, je sors de toi ! », s’exclame-t-il. Cette phrase problématique rappelle les affinités mystérieuses de Satan et du Saint-Esprit. Moby Dick ne provient pas du firmament mais de l’obscurité des fonds marins. Le scintillement du monstre, la lumière qu’il porte est une tromperie. Melville opère une subversion des valeurs. Les dieux ne descendent plus sur terre mais émergent des eaux par le bas.
Moby Dick terrifie le commun des mortels.

Mais Achab est déjà un Dieu à sa façon, « un grand impie divin » selon le mot du capitaine Pileg, un véritable seigneur des mers qui ne peut souffrir une telle rivalité. Achab veut dominer les eaux en monarque absolu et, pour se faire, il doit occire la diabolique baleine qui jadis l’a vaincu. Le vieil homme tire sa rancœur et sa force de sa jambe fantôme remplacée par un morceau d’ivoire. Chaque pas qu’il fait sur le pont du Péquod lui rappelle la fin unique vers laquelle il tend.

« Quoique entièrement consumé par le brasier de son idée, Achab avait toujours présente à l’esprit la capture finale de Moby Dick ; il semble prêt à sacrifier tous les intérêts humains à cette unique passion », écrit Melville. Le vieux lion de mer fait coïncider vouloir et pouvoir, aucune contingence matérielle ne vient altérer le caractère absolu de sa volonté. Tous les obstacles sont franchis avec l’arrogance du surhomme qui ignore l’effort, qui annule la durée qui sépare la puissance et l’acte.



« Il y a toujours quelque chose d’égoïste dans les sommets de montagnes et dans les tours ; ainsi que dans toutes choses grandes et hautes. Regardez ces trois pics aussi fiers que Lucifer. Cette tour ferme, c’est Achab ; le volcan, c’est Achab ; le courageux, l’indomptable et victorieux oiseau, c’est aussi Achab ; tous sont Achab », assène l’écrivain. Le capitaine se dresse au dessus de la foule des hommes. Et comme tout ce qui s’élève trop haut, il est perçu comme un défi lancé à la transcendance. Achab est comme cet ange orgueilleux qui voulait se distinguer. À vouloir toucher Dieu, on chute dans le néant. Telle est la malédiction des surhommes. Mais la mue d’Achab en homme-Dieu n’est pas complète. Elle ne le sera que lorsqu’il aura pris sa revanche sur Moby Dick. Pour cela, le despote du Péquod dirige son équipage d’une main de fer. Il déshumanise les siens dans sa quête effrénée. « Vous n’êtes pas des hommes, vous êtes mes bras et mes jambes ! », hurle-t-il tandis qu’il fonce sur Moby Dick, son seul horizon.

« Pour moi, cette baleine blanche est cette muraille, tout près de moi. Parfois je crois qu’au-delà il n’y a rien […] Ne parle pas de blasphème, gars ! Je frapperais le soleil s’il m’insultait », explique le capitaine du Péquod. Aux yeux d’Achab, Moby Dick constitue le seul obstacle à sa propre divinisation.

Tuer Moby Dick, c’est devenir Dieu à sa place ou plutôt, c’est faire oublier cette blessure qui l’humilie et qui le ramène à son humanité.

Moby Dick, c’est ce Léviathan qui rappelle sans cesse à Achab qu’il n’est qu’un homme. « Oh ! Vie ! Me voici fier comme un dieu grec, et pourtant je suis l’obligé de ce bâton d’os sur lequel je vais me tenir debout », se lamente-il. La seule manière d’accéder à ce statut tant convoité revient à laver l’affront, à défaire la créature.

Avant l’ultime assaut contre le monstre, Achab se fait forger un nouveau harpon qu’il « sanctifie » dans le sang de trois païens : Tashtego, Queequeg et Dagoo. Dans son délire mystique, il révèle la véritable nature du surhomme : « Ego non baptismo te in nomine patris, sed in nomine diaboli / Je ne te baptise pas au nom du Père mais au nom du Diable. » L’homme-Dieu doit littéralement être compris comme un antéchrist : un faux prophète qui viendra singer la véritable transcendance.
L’être incomplet d’Achab implique une part d’ombre, un néant qui ne peut être comblé que par le meurtre de l’être absolu : Moby Dick. En tuant le monstre, Achab espère se féconder lui-même, renaître de ce cadavre lumineux. Mais sa folie lui masque une terrible vérité : la résurrection est le propre du Dieu-homme.

Son destin n’est donc pas de s’élever mais de côtoyer les abysses, enchaîné à un invincible totem.

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Chris06 Hors ligne


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Messagede Chris06 » Ven 11 Déc 2015 07:33

C'est vrai que la fin du Moby Dick first version l'avait laissé un sentiment un peu angoissant et d'amertume de ce type qui fini ligoté a la grosse bête, je devais avoir 6 ou 7 ans quand je l'ai vu..
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Messagede Dark » Ven 11 Déc 2015 07:42

Herman Melville : Moby Dick.

Ce livre, qui a marqué à jamais la culture populaire, a fait l’objet de plusieurs adaptations visuelles.

meilleure adaptation, celle réalisé par John Huston en 1956.

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MOBY DICK (1958)


Catégorie : Cinéma

Genre : Aventure

Année : 1956

Public : Tous Publics

Durée : 1H58

Nation : USA/Royaume-Uni

Réalisateur : John Huston

Acteurs : Gregory Peck, Richard Basehart, Friedrich Von Ledebur, Orson Welles, Leo Genn.

Synopsis : Ishmaël, un jeune marin voulant retrouver le goût de la mer se rend au port de New Bedford. Une fois sur place il fait la connaissance de Queequeg, un indien cannibale originaire des îles du pacifique avec lequel il se lie d’amitié. Ensemble, ils s’engagent sur un baleinier nommé le Pequod qui s’apprête à réaliser un très long voyage en mer. Sur le navire, il règne une atmosphère étrange. Ishmaël comprend que la vie des matelots et l’issue du voyage sont entre les mains du redoutable Capitaine Achab. Un officier tyrannique et fou. Avide de vengeance, celui-ci a bien l’intention de pourchasser la démoniaque baleine blanche qui se fait appeler Moby Dick et qui lui a arraché sa jambe bien des années plus tôt.


Porter Moby Dick à l’écran c’est vraiment un défi osé et un pari risqué. Le livre est un monument de la littérature et on peut légitimement se demander s’il est possible de reproduire sa puissance à l’écran. Pour autant ce n’est pas la première fois que le défi est tenté. En 1926 sortait une première version muette réalisée par Millard Webb, puis en 1930 Lloyd Bacon s’attaquait lui aussi à une adaptation. Cependant ces deux films n’étaient pas des chefs d’œuvres et se permettaient des infidélités totales au livre de Melville ce qui finissait par fausser la vraie vision de l’histoire de Moby Dick.


En 1956, Hollywood a l’intention de s’offrir une adaptation digne de ce nom avec des gros moyens. Le réalisateur choisi n’est autre que John Huston. Choix pertinent. Premièrement parce que Huston était l’un des plus grands de l’époque, il avait signé des chefs d’œuvres tels que Le Faucon Maltais, Le Trésor de la Sierra Madre, L’Odyssée de l’African Queen et bien d’autres. Mais surtout il était peut être le plus à l’image de Melville. En effet, Herman Melville était un vrai dur, un aventurier qui avait touché à tout. Huston était lui aussi un dur, c’était un peu je dirais un pilier de bar d’Hollywood. Son cinéma était d’ailleurs à son effigie. Il était donc le meilleur pour réaliser cette adaptation. De plus Huston avait toujours rêvé de porter à l’écran le livre de Melville.

Le but du réalisateur est de reproduire une œuvre d’aventures qui se double d’une réflexion philosophique comme dans le bouquin. Dans la filmographie de Huston, Moby Dick est assez (trop) peu cité. C’est pourtant une réussite qui découle d’un pari osé.


Au niveau de l’histoire, le film reprend bien évidemment les grandes lignes de l’œuvre de Melville. Cependant vu la longueur du bouquin, Huston (qui subissait aussi comme tous les réalisateurs hollywoodiens de l’époque une pression concernant la durée du film) a été bien obligé d’enlever plusieurs éléments. Par exemple le personnage de Fedallah n’apparaît jamais et la folie de Pip est à peine sous entendue.

Ce qui découle de tout ça, c’est une adaptation inévitablement appauvrie. Ne tournons pas autour du pot, on ne peut pas dire que le film de Huston parvienne à atteindre la puissance du livre. Ceci dit c’est plutôt mission impossible à moins peut être de réaliser une œuvre cinématographique de 6 heures. Pour autant le film parvient à être assez puissant pour susciter l’admiration. C’est pourquoi je le répète, c’est à tort qu’on le zappe de la filmographie de Huston.

On peut déjà noter que le réalisateur, s’il reste en majeure partie fidèle au livre, s’approprie aussi l’histoire et y ajoute une touche personnelle.

Il faut cependant savoir que le tournage fut extrêmement difficile pour Huston et son équipe. Ce qui est le cas de nombreux tournages en mer. A ce sujet il déclara « Le film comme le livre, est donc un blasphème, et on peut admettre que Dieu se soit défendu en déchaînant contre nous ces ouragans et ces vagues énormes ».


Moby Dick est également l’une des plus grandes réussites de Huston sur le plan formel et visuel. Ici le cinéaste joue sur les couleurs et l’esthétique avec brio. En effet, il utilise un procédé très original qui consiste à combiner le technicolor et le noir et blanc. Par ce mélange il obtient la superbe teinte de la sépia des gravures marines.

Tout au long du film, Huston par sa réalisation entretient l’atmosphère métaphysique du livre. Il parvient à créer chez le spectateur cette sensation d’isolement maritime où la terre n’est plus qu’un lointain souvenir. Cette sensation devient de plus en plus pesante au fur et à mesure de l’avancement du film. D’ailleurs j’apprécie beaucoup que, fidèle au livre, il est conservé le début qui part de la campagne avant de nous entraîner pendant très longtemps en pleine mer.

Sur l’aspect technique, on peut là encore aborder le réalisme du film. Les costumes sont superbes, de même que les décors. Le Pequod est très réussi avec sa figure de proue en l’effigie d’un guerrier cannibale. Mais ce qui frappe le plus ce sont les baleines. Honnêtement l’animation de ces Léviathans est bluffante de réalisme. Si bien que parfois, on a l’impression d’avoir affaire à de vraies baleines. Les mauvaises langues pourront rétorquer que Huston prend soin de les filmer sans trop les montrer pour cacher leurs défauts techniques. Cette technique fait au contraire honneur à sa réalisation. C’est d’ailleurs dans cette même optique que des années plus tard, Steven Spielberg filmera le requin des Dents de la Mer. On ne peut donc que saluer le réalisme de ce film qui date quand même des années 50 et qui surpasse largement au final les images numériques de la version télévisée qui verra le jour dans les années 90. Ce réalisme lui permet même de très bien remplir l’un de ses objectifs (qui était aussi l’un des objectifs du bouquin), à savoir montrer de façon détaillé et réaliste la chasse à la baleine telle qu’elle se pratiquait au milieu du dix-neuvième siècle. Une reconstitution tout à fait crédible et épique.


Car Moby Dick version John Huston, c’est aussi ça, de l’épique et du spectaculaire. J’ai déjà cité les scènes de chasse à la baleine mais on pourra aussi évoquer la scène de la tempête avec le feu Saint-Elme, qui est une scène dont l’ambiance peut même évoquer celle des films fantastiques de l’époque. Sans parler de la bataille finale avec la Baleine Blanche. Cet aspect spectaculaire est évidemment voulu par Hollywood, mais il vient également renforcer la puissance du propos.

Huston signe donc ce qui est l’une de ses plus belles réalisations. Mais il s’appuie également sur un superbe casting.


On a en premier Richard Basehart dans le rôle d’Ishmaël qui, comme dans le livre, est le narrateur de l’histoire. On ne peut pas dire que l’acteur crève l’écran, mais il signe une performance tout à fait honnête. Son personnage se démarque d’ailleurs pas mal de celui du bouquin. Cet Ishmaël là, apparaît beaucoup moins cynique et beaucoup plus héroïque. Vous l’aurez compris, Hollywood a retapé le protagoniste à son image. Ce n’est pas forcément un mal. De plus dans le livre Ishmaël, s’éclipsait assez rapidement pour devenir uniquement narrateur et non plus personnage actif dans l’histoire. Ici on le voit donc prendre plus d’importance dans l’intrigue et dans les relations avec les autres personnages.


En ce qui concerne le rôle de Queequeg, Friedrich Von Ledebur est tout simplement inoubliable. Son faciès en fait un indien cannibale totalement crédible (bien que l’acteur soit allemand). Il dégage une personnalité forte qui correspond bien au personnage de Queequeg. Cependant le film semble lui conférer un aspect chamanique qui le rend plus mystique que dans le livre. Quelque part ça le rapproche des clichés sur les indiens mais c’est franchement ludique. Au niveau physique, le personnage semble aussi rendu plus baraqué.


Mais, à l’instar du bouquin, la grande star de ce film c‘est bien sûr le tyrannique et terrible Capitaine Achab. Pour interpréter ce personnage clé qui est le protagoniste principal, John Huston choisit Gregory Peck. Un choix qui a de quoi faire sursauter. Peck est incontestablement un bon acteur et même l’un des meilleurs de sa génération, là n‘est pas la question, mais il est habitué à interpréter des jeunes héros, braves, courageux et ayant le sens de l’honneur. Et même quand il interprète le bad guy dans Duel au soleil il reste un jeunot kakou et séduisant. Comment imaginer cet acteur jouer le rôle d’un vieux loup de mer déchiré par la haine ? A l’époque les studios prendront peur. Faut-il surmaquiller Peck pour le rôle d’Achab ? Là encore John Huston ne manque pas d’audace, il tient à conserver au contraire le plus possible les traits de Peck, rompant donc totalement avec l’aspect physique du bouquin qui décrivait un vieillard aux allures de mort-vivant. Quel résultat à tout cela ? Et bien on peut dire que Gregory Peck adresse un formidable pied de nez aux sceptiques de l’époque en interprétant ce contre emploi total avec beaucoup de puissance et de talent.

L’acteur n’hésite pas à casser son image, jouant à fond. Son Achab reprend donc celui du livre mais le rend moins impulsif et plus glacial. Il faut l’entendre lancer des tirades telles que « Ne parlez pas ainsi de blasphémer mon garçon ! J’attaquerai aussi le soleil si un jour il s’en prenait à moi ! ». Ou encore « L’avez-vous vu matelots ! Son dos est comme une colline de neige ! ». Ce qui est intéressant, c’est que Peck et Huston se démarquent quelque peu du Achab du livre. Peck est phénoménal et s’approprie le rôle. Son Achab est dans un premier temps terriblement froid avant de gagner en hystérie et en folie tout le long du film. L’acteur se défigure totalement tout au long de l’histoire.


Personnellement je considère ce rôle comme l’une des meilleures prestations de Peck avec celle Des Clés du Royaume. Car l’acteur se démarque totalement des ses rôles habituels. Huston a d’ailleurs le chic pour pousser ses interprètes à agir ainsi. On se souvient qu’Humphrey Bogart se démarquait totalement des ses rôles précédents dans Le Trésor de la Sierra Madre. Bref le pari était osé mais il est totalement réussi.

Dans le casting, on notera aussi la présence remarquable d’Orson Welles dans le rôle du père Mapple racontant l’histoire de Jonas et de la Baleine. Bien que son rôle soit court, Welles se montre parfait comme d’habitude, son jeu puissant d’adapte parfaitement au personnage.


Pour ce qui est du fond, Moby Dick reste fidèle au livre. C’est une histoire d’aventure métaphorique où le voyage physique représente le voyage effectué à l’intérieur de soi et des ténèbres de l’âme humaine.

Mais aussi, on retrouve le côté blasphématoire du bouquin, à travers Achab pourchassant toujours cette Baleine Blanche symbole du châtiment divin. A ce propos, on retiendra une phrase d’Achab « Où sont passé les meurtriers ? Qui les condamnera ? Alors que le juge suprême lui-même devrait passer en jugement ».


Bien évidemment la réflexion philosophique est loin, très loin même d’être aussi poussée que dans le livre. Mais elle est bien présente et bien que subtile, l’essentiel est là. Cette réflexion aurait sans doute était plus développée si ça n’avait pas été Hollywood, qui de par son aspect industriel, tenait d’abord à faire un film d’aventure jouant sur le spectaculaire et non sur l’approche philosophique. Mais clairement on ne regrette pas non plus ces séquences.

Moby Dick deviendra rapidement un film culte et un classique du cinéma. De toutes les adaptations du chef d’œuvre de Melville, ça reste de loin la meilleure. Surpassant largement ses prédécesseurs et aussi ses successeurs, comme par exemple la version télévisée de 1998 qui se voulait être plus fidèle au bouquin sur beaucoup d’éléments mais n’atteignait jamais la puissance du film de Huston.


Moby Dick est donc le film le plus injustement oublié de John Huston, pour moi il figure incontestablement dans son top 5.

Un chef d’œuvre du vieil Hollywood.

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Dark Hors ligne


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Messagede Dark » Ven 11 Déc 2015 07:48

Chris06 a écrit:
C'est vrai que la fin du Moby Dick first version l'avait laissé un sentiment un peu angoissant et d'amertume de ce type qui fini ligoté a la grosse bête, je devais avoir 6 ou 7 ans quand je l'ai vu..



on a tous été impressionnés par ce film et même aujourd’hui

je l ai montré a mes enfants ...même réaction

comme quoi quand c'est bon .....c'est bon ;)


Antoine Hors ligne


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Messagede Antoine » Ven 11 Déc 2015 19:39

John Huston ? Donc forcément bon
Antoine. L'homme est la pièce rapportée de la Nature : il passe son temps à mesurer...


Dark Hors ligne


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Messagede Dark » Ven 11 Déc 2015 19:49

Antoine a écrit:
John Huston ? Donc forcément bon



OUI effectivement .. ;)


Dark Hors ligne


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Messagede Dark » Ven 21 Oct 2016 23:58

Revu ce soir sur canal plus ......toujours aussi bon ;)


Chris06 Hors ligne


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Messagede Chris06 » Sam 22 Oct 2016 00:08

J'ai vu le film sur canal, excellentissime....
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Messagede SASOUKY74 » Mar 25 Oct 2016 08:59

Et je suis passer à côté de ce film ,je vais me le regarder d'ici peu.
Merci.


Dark Hors ligne


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Messagede Dark » Mar 25 Oct 2016 13:45

SASOUKY74 a écrit:
Et je suis passer à côté de ce film ,je vais me le regarder d'ici peu.
Merci.



Au piquet :mrgreen:


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Messagede SASOUKY74 » Sam 29 Oct 2016 23:20

Je l'ai regarder ce soir très beau Film,dommage que je ne l'ai pas vu au cinéma :oops: .


Dark Hors ligne


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Messagede Dark » Dim 30 Oct 2016 00:35

SASOUKY74 a écrit:
Je l'ai regarder ce soir très beau Film,dommage que je ne l'ai pas vu au cinéma :oops: .



Sais tu comment on appelle un cachalot en anglais ......Sperm Wale :mrgreen:


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Messagede SASOUKY74 » Mer 2 Nov 2016 21:01

Dark a écrit:
SASOUKY74 a écrit:
Je l'ai regarder ce soir très beau Film,dommage que je ne l'ai pas vu au cinéma :oops: .



Sais tu comment on appelle un cachalot en anglais ......Sperm Wale :mrgreen:

:mrgreen: :lol:


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Messagede Dark » Mer 2 Nov 2016 21:23

Sérieux en plus :lol:



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