Imagine la suite du texte exercice de français

Jeux thèmes …. Moi non plus

Modérateurs: Xaneaze, Antoine

Imagine la suite du texte exercice de français
Dark Hors ligne


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Messagede Dark » Mar 30 Avr 2013 07:17

Je refermais derrière moi la lourde porte, j’entrais dans le salon. La pièce était toujours aussi mal éclairée, mais à ce que je pus voir ma mère n’avait rien perdu de ces vieilles habitudes : tout était d’une propreté malsaine. Aucune trace d’un éventuel déchet sur le sol qui aurait pu apporter un peu de normalité à cette pièce.
L’odeur omniprésente du vernis pour meuble et des produits d’entretiens m’écœurait par sa violence. Un profond malaise me pris alors : c’était comme si toutes ces odeurs avaient par la même occasion ramené toute une quantité de souvenirs néfastes que j’avais mis tant de temps à oublier.
Je me repris, je ne devais pas repenser à tout ça, je devais garder en tête le but de ma visite ici. Ma mère était assise sur son vieux canapé, elle regardait le feu de la cheminer. Elle avait énormément vieilli : sa peau s’était flétrie et ses cheveux avaient blanchis. Elle fixait les flammes, le regard vide, seul la lueur du feu réchauffait son regard éteint, comme délaissé par la vie.
Je toussotais pour qu’elle me remarque mais elle ne prit même
Pas la peine de tourner la tête et ne bougea pas :

« -Approche Jacques, me dit t’elle de sa voie désagréablement aigue, Approche mon fils, depuis combien de temps n’es tu pas revenu à la maison ? Quinze ans ? Vingt ans ?
Elle me regardait droit dans les yeux maintenant et reprit :
- Allons Jacques ne fait pas ton timide et embrasse ta vieille mère.

Je ne bougeai pas d’un millimètre et répliquai :
« - Je viens voir mon père.
- Ton père…ton père n’en a plus pour longtemps mon chéri, la mort se rapproche d’heure et heure et viendra bientôt le chercher. Me dit-elle presque narquoise.
- Je le sais, c’est pour ça que je suis là, répondis je calmement.
- Je me doutais que tu n’étais pas là pour moi.
- En effet, tu es toujours aussi perspicace à ce que je vois. Mais vois tu, tu ne mérite pas mon attention, ni même ma sympathie. lui expliquai-je plein de dégoût.
- Comment peux-tu parler comme ça ! A ta propre mère ! Me dit-elle, laissant éclater sa rancœur dans le timbre de sa voix.
- Tu n’es pas ma mère, tu es morte depuis bien longtemps pour moi. Je n’ai aucune once d’affection pour la femme qui m’a réduit à l’état de domestique dans ma propre maison. Tu ne m’as jamais montré la moindre affection, et pourtant j’ai cherché, j’ai essayé de trouver un souvenir heureux avec toi. Mais rien, en seize ans tu ne m’as jamais embrassé, jamais pris dans tes bras, rien. lui dis-je, glacial.
- Si tu parles du peu de vaisselle que tu as du faire pour m’aider ou du coup de balais que tu as du passé occasionnellement pour me soulager, tu exagères drôlement.
- Moi ? Moi j’exagère ? mais très chère mère, te souviens tu de toutes ces journées que j’ai passé à laver, à frotter, à cirer, à nettoyer le moindre centimètre de cette maison ! Et de plus, tu me privais régulièrement de nourriture pour chaque malheureuse assiette ou vieux bibelots cassés par inadvertance. Non bien sur je ne pouvais pas être si maladroit, pour toi c’était simplement pour te nargué que je te brisais ta vaisselle. Et encore je t’épargne les récits des nombreux sévices physiques que tu m’infligeais dans tes mauvais jours. Rétorquai-je, de plus en plus énerver.
- Tu as toujours tout exagéré Jacques ! je t’ai toujours aimé ! Tout ce que j’ai fais c’était pour votre bien à toi et ta sœur ! me cracha-t-elle presque.
La colère me prit alors, comment pouvait t’elle se justifier si pitoyablement ! Je ne pus retenir mes paroles :

- Pour mon bien ? Sais tu seulement ce qui est bon pour moi ? Non, si tu l’avais su, tu ne te serais jamais comporté comme ça. Si au lieu de me frapper quand je faisais une erreur, tu m’avais expliqué ma faute. Ou si au lieu de me réprimander quand je me blaisais par ma maladresse, tu m’aurais pris dans tes bras de temps en temps, me dire que tu m’aimais, que tu étais fière de moi ! Non jamais, tu ne t’es jamais comporté comme une mère.
- Je me devais de me comporter tel quel, je n’avais pas le choix Jacques ! Ton père nous laissait régulièrement, il dépensait le moindre sou en jeux et fioritures pour ses plaisirs sans se soucier de nourrir sa famille ! Ca je devais m’en occuper ! Répliqua-t-elle les larmes aux yeux.
- Je sais que ta vie était dure et je conçois encore que tu n’as été obligé de nous faire participer aux taches ménagères. Mais là n’est pas le problème, je te demandais juste de l’amour, toi tu m’as laissé grandir sans, tout seul. Sans aucune affection, et aucune chaleur maternelle pour me rassurer dans mon enfance. Qu’elle était ta phrase favorite déjà ? : « Dans un monde comme le notre, Jacques, nous nous devons de grandir vite ! Alors grandit où tu te perdras mon fils. » alors j’ai grandis, et tout ce que je suis aujourd’hui, toute ma réussite, je ne la dois qu’a moi-même. La seule chose que je te dois c’est la vie, et je t’en suis reconnaissant, mais c’est tout, ne me demande rien d’autre. Car c’est la seule chose que je te donnerais.
Mon ton était glacial, comme l’homme que j’étais devenu.
« -Comme tu es devenu dur mon fils …Mais ou est donc passé le bambin aux yeux rieurs de mes jeunes années ? Me questionna-t-elle tristement.
- Tu l’as tué malheureusement. Aujourd’hui je n’ai plus de rancœur contre toi, juste de l’indifférence. Après tout, même si j’étais ton fils tu n’étais pas obligé de m’aimer.
J’espérais qu’elle est notée ma façon de parler de notre relation au passé .Et vu son regard à ce moment, remplie de douleur, je regrettais presque ma dureté. Mais avait elle regretté elle, à l’époque ? Je repris :
-je te souhaite une bonne fin de vie, Pas besoin de me mener à la chambre de papa, je connais le chemin. J’ai laissé assez d’argent sur la table pour lui permettre des funérailles dignes de ce nom. Digne de lui, même si pour toi il n’est qu’un égoïste finit, qui n’a jamais su nous protéger faisant passer ses propres intérêts avant les nôtres. Mais lui au moins il m’a aimé. Adieu mère.
Elle ne me quittait plus des yeux, elle se leva doucement, et, pour la première fois de ma vie, me prit dans ses bras et me murmura un « pardon » étouffé de sanglots.








****


Je déambulais dans le couloir vide de mon ancienne maison, je l’avais emprunté tellement de fois que je pouvais me déplacer avec facilité les yeux fermés. Je connaissais le moindre recoin, la moindre tache sur le mur abîmé par les années. Je repensais à l’attitude de ma mère, pour la première fois de sa vie elle m’avait montré de l’affection. Et pour la première fois j’avais ressenti de l’amour pour cette femme que j’avais tant haïe.
Perdu dans mes pensées, je ne remarquai même pas que j’étais arrivé à la porte de la chambre de mes parents, là ou mon père attendait la mort. J’ouvris la porte, elle grinça. J’entrai dans la chambre, la tapisserie bleue déchirée et le sol en bois pourri ne faisait que mettre en valeur la précarité de cette petite pièce.

Sur le vieux lit aux nombreuses couvertures fleuries, je vis un mon père : je ne le reconnu pas immédiatement, tellement ses traits étaient défigurés par la vieillesse et la maladie. Malgré le fait que je savais mon père sur le point de mourir, je ne m’attendais pas à le voir si éteins, je dus vérifier son pouls pour m’assurer qu’il était encore en vie. Les faibles pulsations me rassurèrent momentanément. En effet à ce moment là je pris conscience que mon père n’était plus, et qu’il ne serait jamais plus l’homme que j’avais connu. Je me rendis compte que j’allais le perdre à tout jamais : Je m’étais tellement concentré sur la confrontation entre ma mère et moi, que j’en avais oublié la mort prochaine de mon paternel.

Je m’écroulai au pied du lit, et lui prit tendrement la main. Il se réveilla à cet instant :
« - Jacques ! Me dit t’il enthousiaste mais d’une vois presque inaudible, tu es venu.
Pour toute réponse je me contentai d’un hochement de tête et d’un sourire. Il reprit, puisant sur cette dernière force pour me dire :
- je regrette de ne pas avoir été le père qu’il vous fallait, pour toi et ta sœur. Mais sache que je vous ai vraiment aimé tout les deux, même si j’ai été d’un égoïsme total. J’espère que tu trouveras la force de me pardonner. »
J’acquiesçai, lui sourit, et resserrai l’étreinte de ma main sur la sienne, en signe de pardon. Il me rendit mon sourire


Ce fut ces dernières paroles, il s’éteignit dans mes bras, apaisé. Je restai inerte de longues minutes. Je l’embrassai une dernière fois, et quittai la pièce, le cœur lourd.


****

Une fois dehors, je vis ma sœur qui attendait dans le couloir, recroquevillé sur elle-même, ses longs cheveux blonds lui tombant devant le visage, formant une barrière impénétrable aux yeux d’autrui. Elle leva la tête vers moi et me fixa de ses grands yeux marrons qui m’avaient toujours captivés enfant par leurs teintes chaleureuses aux reflets chocolat : en effet la plus part des yeux marrons sont ternes voir totalement inexpressif. Dans les siens, on peut lire toute sa vie, ressentir la moindre de ses émotions rien qu’en se plongeant dans son regard. Là, maintenant je lisais son désarroi, ressentait sa tristesse en plus de la mienne.
Elle me regarda sans bouger, les larmes dégoulinant sur ses joues. Je la pris dans mes bras, et lui proposa de partir avec moi. Elle me répondit qu’elle allait d’abord dire adieu à notre père et qu’elle me suivrait ensuite. J’attendis donc dans le couloir qu’elle est finit. Nous
Sortîmes en passant devant notre mère mais je ne la regardai pas
, pour ne pas croiser son regard. Je n’avais pas encore décidé de l’attitude que je devrais adopter : soit je l’ignorerais, soit je déciderais de redonner une chance à notre relation. Mais je n’avais pas encore choisis et je prendrais mon temps. Nous sortîmes sans nous retourner, ma sœur n’ayant pas plus d’affection pour ma mère que moi.

J’entraînai ma sœur par la main, et je l’emmenai au plus proche café. Un petit commerce se trouvant à l’angle de la rue, tenu par une vieille femme et son époux. Une fois installé à une table au fond de la salle, et notre commande apporter, ma sœur sortit de son mutisme :

« - Cela fait longtemps que tu es arrivés en ville ? Me demanda-t-elle en déposant un sucre dans son café.
- Je ne suis là que depuis peu de temps, et toi ?
- Je suis arrivé ce matin, je repars demain après-midi. Me répondit-elle en portant la petite tasse de café à ses lèvres.
- Tu retournes chez Pierre ? lui demandai-je froidement.
- Non, je l’ai quitté il y a plus d’un mois, je ne supportais plus sa jalousie étouffante. M’expliqua-t-elle la bouche pleine de gâteau à la fraise.
- Tant mieux, je n’ai jamais aimé cet homme. Lui répondis-je
Soulagé qu’elle ce soit enfin séparé de cet idiot, Juliette n’est pas une fille très facile à vivre, mais elle mérite cent fois mieux que lui.
-Mais ou vit tu si tu n’es plus avec Pierre alors ? La questionnai-je.
- Oh, Et bien je vis chez des amis, ou je prends des chambres d’hôtel en attendant de trouver un appartement dans mes moyens. Me répondit-elle visiblement gêné par ma question.
-Pourquoi ne viendrais tu pas vivre avec moi quelque temps.



Par Ambre 14 ans 3eme


Xaneaze Hors ligne


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Messagede Xaneaze » Mar 30 Avr 2013 13:03

impressionnant, je suis encore stupéfait par la qualité de sa plume !! Faut vraiment l'encourager ! y a du talent !!
en ce moment, je relis une épreuve de livre pour qq1 qui écrit, s il mettait les yeux sur ce texte, il comprendrait sa douleur je pense !

En tt cas, un grand bravo pour elle et je l encourage chaudement à continuer !!
"Un palmarès se construit sur la passion des autres, on dépend de l'anonymat et de la passion partagée d'une écurie...." Jacky Ickx


Dark Hors ligne


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Messagede Dark » Mar 30 Avr 2013 17:41

Xaneaze a écrit:
impressionnant, je suis encore stupéfait par la qualité de sa plume !! Faut vraiment l'encourager ! y a du talent !!
en ce moment, je relis une épreuve de livre pour qq1 qui écrit, s il mettait les yeux sur ce texte, il comprendrait sa douleur je pense !

En tt cas, un grand bravo pour elle et je l encourage chaudement à continuer !!



Merzi pour elle elvis ;)


Volonté 5.9 Hors ligne


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Messagede Volonté 5.9 » Mer 1 Mai 2013 08:06

c'est fort bien écrit, tant nous sommes captivé à lire cette "histoire" jusqu'à la fin.

une belle petite plume.

Bravo Ambre


Antoine Hors ligne


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Messagede Antoine » Mer 1 Mai 2013 08:17

Je laisse un peu de temps pour savourer le texte. J'y reviens et place mon éloge pour cette écrivain en herbe ;-)
Antoine. L'homme est la pièce rapportée de la Nature : il passe son temps à mesurer...


FERRARITALIA Hors ligne


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Messagede FERRARITALIA » Mer 1 Mai 2013 13:01

bravo :shock: :shock:


Dark Hors ligne


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Messagede Dark » Mer 1 Mai 2013 20:14

Volonté 5.9 a écrit:
c'est fort bien écrit, tant nous sommes captivé à lire cette "histoire" jusqu'à la fin.

une belle petite plume.

Bravo Ambre



Ambre te remercie Greg ;)


Dark Hors ligne


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Messagede Dark » Mer 1 Mai 2013 20:15

FERRARITALIA a écrit:
bravo :shock: :shock:



Merci pour ce passage littéraire ;)



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